dimanche 17 juin 2007
MÉTÉO
Tout le long de cette deuxième semaine de juin, la carte météo délirante a semblé se décalquer sur ma « partition » intérieure. (À moins que ce ne soit le contraire !).
Du coup, ma maison est un navire qui tangue en pleine houle. Ça fait longtemps que le capitaine est passé par-dessus bord ! Et puis c’est malin, il n’a jamais voulu apprendre à nager !
Mon piano est un radeau mouvant, bricolé à la hâte ; mes mains s’y crispent et s’y agrippent ; j’ouvre la bouche et l’eau s’engouffre, je tousse et recrache, et vlan un paquet d’eau …Heu ! Elle est encore loin l’île de la "Sérénité" ??
Et à l’approche de lundi, jour de notre enregistrement en studio, la partition, c’est du pur Beethoven au plus fort de sa Symphonie Pastorale : démesure des formes, changements de tempi inhabituels, accumulation d'harmonies désordonnées…Pianissimo inaudible et fortissimo tonitruant.
Tout bouge et s’affole, hors de tout contrôle. Et ce ne sont que brusques mouvements d’air tourbillonnaires, ça monte ça descend, ça s’emporte, ça secoue, - grondements des contrebasses – chef d’orchestre échevelé - ça fait mine d’arracher tout … et hop glissando de harpe et traits de flûtes en doubles-croches sol la si do ré – une douce brise parfumée, je vous ai bien eu, on respire, quelle belle lumière ce soir dans les arbres mouillés et dzinnng coup de cymbale et vlan percée foudroyante du soleil qui explose ses rayons en éclats de lumière aveuglante sur les feuilles, comme des milliers de petits miroirs affolés.
Et bien sûr, la partition est jouée dans le désordre le plus complet, histoire de s’essayer à de nouvelles combinaisons météorologiques ...
* Ouragans : les arbres du jardin se cabrent sous le vent ; mais je suis pas prête, c’est beaucoup trop tôt …
"L’ouragan s’approche, grossit; un immense trait chromatique, parti des hauteurs de l’instrumentation, vient fouiller jusqu’aux dernières profondeurs de l’orchestre, y accroche les basses, les entraîne avec lui et remonte en frémissant comme un tourbillon qui renverse tout sur son passage. Alors les trombones éclatent, le tonnerre des timbales redouble de violence; ce n’est plus de la pluie, du vent, c’est un cataclysme épouvantable, le déluge universel, la fin du monde"
* Ciel de traîne : température douce d’après-midi ; cool, ce n’est jamais qu’une petite maquette de démo !
"Le poète nous amène à présent au milieu d’une Réunion joyeuse de paysans. On danse, on rit, avec modération d’abord; la musette fait entendre un gai refrain, accompagné d’un basson qui ne sait faire que deux notes. Beethoven a sans doute voulu caractériser par là quelque bon vieux paysan allemand, monté sur un tonneau, armé d’un mauvais instrument délabré, dont il tire à peine les deux sons principaux du ton de fa, la dominante et la tonique. Chaque fois que le hautbois entonne son chant de musette naïf et gai comme une jeune fille endimanchée, le vieux basson vient souffler ses deux notes; la phrase mélodique module-t-elle, le basson se tait, compte ses pauses tranquillement, jusqu’à ce que la rentrée dans le ton primitif lui permette de replacer son imperturbable fa, ut, fa Cet effet, d’un grotesque excellent, échappe presque complètement à l’attention du public."
* Précipitations : la pluie tombe dru Pas moyen d'étendre la lessive aujourd'hui !
Comment ça Gilles, on ne peut pas répéter jeudi une dernière fois ?
" La danse s’anime, devient folle, bruyante. Le rythme change; un air grossier à deux temps annonce l’arrivée des montagnards aux lourds sabots; le premier morceau à trois temps recommence plus animé que jamais: tout se mêle, s’entraîne; les cheveux des femmes commencent à voler sur leurs épaules; les montagnards ont apporté leur joie bruyante et avinée; on frappe dans les mains; on crie, on court, on se précipite; c’est une fureur, une rage... "
* Ciel dégagé : retour du ciel bleu ; belle lumière à travers le feuillage des arbres ;
D’accord Patrice pas de souci, je vais écrire un contrechant pour le saxophone ; (??)
"L’auteur a sans doute créé cet admirable adagio, couché dans l’herbe, les yeux au ciel, l’oreille au vent, fasciné par mille et mille doux reflets de sons et de lumière, regardant et écoutant à la fois les petites vagues blanches, scintillantes du ruisseau, se brisant avec un léger bruit sur les cailloux du rivage; c’est délicieux."
* Orages : le ciel se déchire soudain en violentes pluies torrentielles ah j'ai pas fermé la fenêtre de la chambre de Camille
C’est pas vrai « Finale » a encore planté et je n’ai pas sauvegardé ! Après tout ce temps, c’est tout ce que j’ai pu écrire ? C’est ridicule, je ne peux pas enregistrer ça !
Quand un coup de tonnerre lointain vient jeter l’épouvante au milieu du bal champêtre et mettre en fuite les danseurs. Orage, éclairs. Je désespère de pouvoir donner une idée de ce prodigieux morceau; il faut l’entendre pour concevoir jusqu’à quel degré de vérité et de sublime peut atteindre la musique pittoresque entre les mains d’un homme comme Beethoven. Écoutez, écoutez ces rafales de vent chargées de pluie, ces sourds grondements des basses, le sifflement aigu des petites flûtes qui nous annoncent une horrible tempête sur le point d’éclater;
* Ciel bas blanc gris immobile : pas un souffle d’air; étouffant :
Ca va jamais sonner ce truc ; elles sont ridicules ces chansons ; non je ne peux pas aller à la soirée de Sylvette ; j’ai besoin de temps …
" En vérité, cela donne des vertiges, et bien des gens, en entendant cet orage, ne savent trop si l’émotion qu’ils ressentent est plaisir ou douleur. Quelques personnes reprochent vivement à Beethoven d’avoir, à la fin de l’adagio, voulu faire entendre successivement et ensemble le chant de trois oiseaux. Comme, à mon avis, le succès ou le non succès décident pour l’ordinaire de la raison ou de l’absurdité de pareilles tentatives, je dirai aux adversaires de celle-ci que leur critique me paraît juste quant au rossignol dont le chant n’est guère mieux imité ici que dans le fameux solo de flûte de M. Lebrun; par la raison toute simple que le rossignol, ne faisant entendre que des sons inappréciables ou variables, ne peut être imité par des instruments à sons fixes dans un diapason arrêté; mais il me semble qu’il n’en est pas ainsi pour la caille et le coucou, dont le cri ne formant que deux notes pour l’un, et une seule note pour l’autre, notes justes et fixes, ont par cela seul permis une imitation exacte et complète. A présent, si l’on reproche au musicien, comme une puérilité, d’avoir fait entendre exactement le chant des oiseaux, dans une scène où toutes les voix calmes du ciel, de la terre et des eaux doivent naturellement trouver place, je répondrai que la même objection peut lui être adressée, quand, dans un orage, il imite aussi exactement les vents, les éclats de la foudre, le mugissement des troupeaux. Et Dieu sait cependant s’il est jamais entré dans la tête d’un critique de blâmer l’orage de la symphonie pastorale!"
.
* Accalmie : vent doux de fin d'après midi
Ayé, j’ai réussi à finir mon conducteur ;. Et puis j’ai encore demain. je peux bien finir le paquet de Carambar
"La symphonie est terminée par l’Action de grâces des paysans après le retour du beau temps. Tout alors redevient riant, les pâtres reparaissent, se répondent sur la montagne en rappelant leurs troupeaux dispersés; le ciel est serein; les torrents s’écoulent peu à peu; le calme renaît, et, avec lui, renaissent les chants agrestes dont la douce mélodie repose l’âme ébranlée et consternée par l’horreur magnifique du tableau précédent."
- C’est quoi cette partition en fait ? On n’a pas déjà entendu ça quelque part ?
- ??
- Si ! Ca ressemble à, tu sais, l’autre, celle de l’autre fois...
- Celle des cakes ?
- Ah oui ! les cakes !!!
- La symphonie des cakes de Beethoven ??
- ... !!! ?
- Nan ! Ses cakes !
- Ah ! ...Au fait, ça avait fini comment déjà ?
- Ben on sait pas ! Elle dit jamais !
RQ: Les textes en italique sont extraits "A travers Chants"- Etude critique des symphonies de Beethoven- de Hector Berlioz 1862
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
2 commentaires:
courage malgré les précipitations,
calme le rythme de ta respiration,
calme le tempo de ton coeur,
pour retrouver ton harmonie.....
et puis étends la lessive sous le préau.....
Nomade,
c'est aujourd'hui que les éléments qui se promenaient dans ta tête sont sortis et s'exposent
Enregistrer un commentaire