dimanche 17 juin 2007

MÉTÉO



Tout le long de cette deuxième semaine de juin, la carte météo délirante a semblé se décalquer sur ma « partition » intérieure. (À moins que ce ne soit le contraire !).

Du coup, ma maison est un navire qui tangue en pleine houle. Ça fait longtemps que le capitaine est passé par-dessus bord ! Et puis c’est malin, il n’a jamais voulu apprendre à nager !
Mon piano est un radeau mouvant, bricolé à la hâte ; mes mains s’y crispent et s’y agrippent ; j’ouvre la bouche et l’eau s’engouffre, je tousse et recrache, et vlan un paquet d’eau …Heu ! Elle est encore loin l’île de la "Sérénité" ??

Et à l’approche de lundi, jour de notre enregistrement en studio, la partition, c’est du pur Beethoven au plus fort de sa Symphonie Pastorale : démesure des formes, changements de tempi inhabituels, accumulation d'harmonies désordonnées…Pianissimo inaudible et fortissimo tonitruant.


Tout bouge et s’affole, hors de tout contrôle. Et ce ne sont que brusques mouvements d’air tourbillonnaires, ça monte ça descend, ça s’emporte, ça secoue, - grondements des contrebasses – chef d’orchestre échevelé - ça fait mine d’arracher tout … et hop glissando de harpe et traits de flûtes en doubles-croches sol la si do ré – une douce brise parfumée, je vous ai bien eu, on respire, quelle belle lumière ce soir dans les arbres mouillés et dzinnng coup de cymbale et vlan percée foudroyante du soleil qui explose ses rayons en éclats de lumière aveuglante sur les feuilles, comme des milliers de petits miroirs affolés.
Et bien sûr, la partition est jouée dans le désordre le plus complet, histoire de s’essayer à de nouvelles combinaisons météorologiques ...

* Ouragans : les arbres du jardin se cabrent sous le vent ; mais je suis pas prête, c’est beaucoup trop tôt …

"L’ouragan s’approche, grossit; un immense trait chromatique, parti des hauteurs de l’instrumentation, vient fouiller jusqu’aux dernières profondeurs de l’orchestre, y accroche les basses, les entraîne avec lui et remonte en frémissant comme un tourbillon qui renverse tout sur son passage. Alors les trombones éclatent, le tonnerre des timbales redouble de violence; ce n’est plus de la pluie, du vent, c’est un cataclysme épouvantable, le déluge universel, la fin du monde"

* Ciel de traîne : température douce d’après-midi ; cool, ce n’est jamais qu’une petite maquette de démo !

"Le poète nous amène à présent au milieu d’une Réunion joyeuse de paysans. On danse, on rit, avec modération d’abord; la musette fait entendre un gai refrain, accompagné d’un basson qui ne sait faire que deux notes. Beethoven a sans doute voulu caractériser par là quelque bon vieux paysan allemand, monté sur un tonneau, armé d’un mauvais instrument délabré, dont il tire à peine les deux sons principaux du ton de fa, la dominante et la tonique. Chaque fois que le hautbois entonne son chant de musette naïf et gai comme une jeune fille endimanchée, le vieux basson vient souffler ses deux notes; la phrase mélodique module-t-elle, le basson se tait, compte ses pauses tranquillement, jusqu’à ce que la rentrée dans le ton primitif lui permette de replacer son imperturbable fa, ut, fa Cet effet, d’un grotesque excellent, échappe presque complètement à l’attention du public."

* Précipitations : la pluie tombe dru Pas moyen d'étendre la lessive aujourd'hui !
Comment ça Gilles, on ne peut pas répéter jeudi une dernière fois ?


" La danse s’anime, devient folle, bruyante. Le rythme change; un air grossier à deux temps annonce l’arrivée des montagnards aux lourds sabots; le premier morceau à trois temps recommence plus animé que jamais: tout se mêle, s’entraîne; les cheveux des femmes commencent à voler sur leurs épaules; les montagnards ont apporté leur joie bruyante et avinée; on frappe dans les mains; on crie, on court, on se précipite; c’est une fureur, une rage... "



* Ciel dégagé : retour du ciel bleu ; belle lumière à travers le feuillage des arbres ;
D’accord Patrice pas de souci, je vais écrire un contrechant pour le saxophone ; (??)
"L’auteur a sans doute créé cet admirable adagio, couché dans l’herbe, les yeux au ciel, l’oreille au vent, fasciné par mille et mille doux reflets de sons et de lumière, regardant et écoutant à la fois les petites vagues blanches, scintillantes du ruisseau, se brisant avec un léger bruit sur les cailloux du rivage; c’est délicieux."


* Orages : le ciel se déchire soudain en violentes pluies torrentielles ah j'ai pas fermé la fenêtre de la chambre de Camille
C’est pas vrai « Finale » a encore planté et je n’ai pas sauvegardé ! Après tout ce temps, c’est tout ce que j’ai pu écrire ? C’est ridicule, je ne peux pas enregistrer ça !

Quand un coup de tonnerre lointain vient jeter l’épouvante au milieu du bal champêtre et mettre en fuite les danseurs. Orage, éclairs. Je désespère de pouvoir donner une idée de ce prodigieux morceau; il faut l’entendre pour concevoir jusqu’à quel degré de vérité et de sublime peut atteindre la musique pittoresque entre les mains d’un homme comme Beethoven. Écoutez, écoutez ces rafales de vent chargées de pluie, ces sourds grondements des basses, le sifflement aigu des petites flûtes qui nous annoncent une horrible tempête sur le point d’éclater;

* Ciel bas blanc gris immobile : pas un souffle d’air; étouffant :
Ca va jamais sonner ce truc ; elles sont ridicules ces chansons ; non je ne peux pas aller à la soirée de Sylvette ; j’ai besoin de temps …
" En vérité, cela donne des vertiges, et bien des gens, en entendant cet orage, ne savent trop si l’émotion qu’ils ressentent est plaisir ou douleur. Quelques personnes reprochent vivement à Beethoven d’avoir, à la fin de l’adagio, voulu faire entendre successivement et ensemble le chant de trois oiseaux. Comme, à mon avis, le succès ou le non succès décident pour l’ordinaire de la raison ou de l’absurdité de pareilles tentatives, je dirai aux adversaires de celle-ci que leur critique me paraît juste quant au rossignol dont le chant n’est guère mieux imité ici que dans le fameux solo de flûte de M. Lebrun; par la raison toute simple que le rossignol, ne faisant entendre que des sons inappréciables ou variables, ne peut être imité par des instruments à sons fixes dans un diapason arrêté; mais il me semble qu’il n’en est pas ainsi pour la caille et le coucou, dont le cri ne formant que deux notes pour l’un, et une seule note pour l’autre, notes justes et fixes, ont par cela seul permis une imitation exacte et complète. A présent, si l’on reproche au musicien, comme une puérilité, d’avoir fait entendre exactement le chant des oiseaux, dans une scène où toutes les voix calmes du ciel, de la terre et des eaux doivent naturellement trouver place, je répondrai que la même objection peut lui être adressée, quand, dans un orage, il imite aussi exactement les vents, les éclats de la foudre, le mugissement des troupeaux. Et Dieu sait cependant s’il est jamais entré dans la tête d’un critique de blâmer l’orage de la symphonie pastorale!"
.

* Accalmie : vent doux de fin d'après midi
Ayé, j’ai réussi à finir mon conducteur ;. Et puis j’ai encore demain. je peux bien finir le paquet de Carambar


"La symphonie est terminée par l’Action de grâces des paysans après le retour du beau temps. Tout alors redevient riant, les pâtres reparaissent, se répondent sur la montagne en rappelant leurs troupeaux dispersés; le ciel est serein; les torrents s’écoulent peu à peu; le calme renaît, et, avec lui, renaissent les chants agrestes dont la douce mélodie repose l’âme ébranlée et consternée par l’horreur magnifique du tableau précédent."



- C’est quoi cette partition en fait ? On n’a pas déjà entendu ça quelque part ?
- ??
- Si ! Ca ressemble à, tu sais, l’autre, celle de l’autre fois...
- Celle des cakes ?
- Ah oui ! les cakes !!!
- La symphonie des cakes de Beethoven ??
- ... !!! ?
- Nan ! Ses cakes !
- Ah ! ...Au fait, ça avait fini comment déjà ?
- Ben on sait pas ! Elle dit jamais !

RQ: Les textes en italique sont extraits "A travers Chants"- Etude critique des symphonies de Beethoven- de Hector Berlioz 1862

jeudi 14 juin 2007

Sophie Scholl


Ce soir, je tombe par hasard sur la fin d'un beau film aux allures de tragédie grecque " Sophie Scholl : die letzten Tage", de Marc Rothemund, 2006.
Il retrace les derniers jours de cette jeune allemande étudiante en philosophie, arrétée en 1943 avec son frère pour avoir distribué des tracts contre le régime nazi au sein de son université à Munich, interrogée (une longue partie du film) jugée sommairement et exécutée sans attendre.

Mais c'est le générique de fin, avec une chanson de Ella Fitzgerald et des photos noirs et blancs très émouvantes de la "vraie" Sophie Scholl qui me donne envie d'en savoir plus.

J'apprends grâce à internet que ce film s'est appuyé sur des archives rendues publiques seulement après la chute du mur de Berlin.
Entre juin 1942 et février 1943 s'était créé en Allemagne un mouvement pacifiste appelée la "Rose Blanche"en résistance au le régime du III° Reich.
C'est après avoir participé à la bataille de Stalingrad, en tant qu'étudiants en médecine, que 2 jeunes allemands, Hans Scholl (frère de Sophie) et Alex Schmorell décident de créer ce groupe pour "résister par écrit". Sophie étudiante en philosophie à Munich les rejoint dans ce mouvement.
Ils rédigent des tracts (6 en tout) de dénonciation du régime nazi et d'appel à la résistance en se référant à Schiller, Goethe, Novalis, Lao Tseu, Aristote ...
Ces tracts seront distribués à la main, déposés chez les restaurateurs, envoyés par courrier dans les universités des grandes villes d'Allemagne; Imprimé en 2000 exemplaires(!) le 6° tract condamne les méthodes nazies, commente la défaite de Stalingrad (alors que le régime vient de prôner la guerre totale ) et pousse à la résistance générale c'est lors de la distribution de celui ci que Sophie, Hans et Christoph Probst, denoncés par le concierge de l'université seront arretés, jugés par le "tribunal du peuple du Reich venu spécialement de Berlin" et décapités, (la guillotine française est arrivée en Allemagne au XIX°) après un simulacre de procès.
Voilà de qu'on lit sur les archives: «Le local d'exécution était situé à l'abri des regards et des intrus. La guillotine (die Fallschwertmaschine) était cachée derrière un rideau noir, et en état de marche. A 17 heures, deux gardiens amenèrent la condamnée.»
«Le préposé à l'exécution rappelle son identité et lui lit la sentence, puis la remet entre les mains du bourreau. Les employés du bourreau la conduisent devant la guillotine et la font glisser sous le couperet."
Quelques mois plus tard les 24 autres membres actifs de ce groupe de résistance pacifique seront également tués.
Très peu nombreux, ne disposant d'aucun soutien extérieur ni de moyens financiers ils demandaient dans leurs tracts à chacun de former une "chaine de résistance et de pensée"contre le nazisme en les reproduisant à leur tour ...
Le dernier plan du film montre ces mêmes tracts reproduits par centaines et lancés quelques mois plus tard par l'aviation britannique sur les villes allemandes.

Violence des rapprochements ... en ouvrant mon ordinateur pour chercher ces informations, je trouve un courrier me demandant de participer à une chaine de mails : "envoyez à 10 de vos proches ...en quelques clics ... vous recevrez du monde entier... des dizaines de .... recettes de cuisine ...
Beu.... j'ai plus du tout faim.

Pour en savoir plus, cliquer par exemple ici

LABOUR ... DORMANCE ...

Depuis que j’ai commencé ce blog, je m’aperçois qu’en fait, je tournicote de plus en plus autour de mon cher ordinateur, l’air de rien, mais tout de même, l’oreille à l’écoute de la petite sonnerie de la messagerie …(comme la sonnette de la porte du magasin ? – encore des histoires de marchande ?)
J’ai même été jusqu’à augmenter la fréquence de relevé des messages pour être sur d’être là quand « il » arriverait …Est ce avouable ? Oui oui oui ; et j’aime cette attente de la découverte des petits billets, commentaires d’autant plus mystérieux que leurs auteurs s’appellent « anonyme » « nomade » ou encore « autre » ! (bon pour « la fille » j’ai trouvé ouf…) Quand à Fleury, « poisson pilote » aurait suffit …
Bon bien sur j’ai ma petite idée mais j’aime l’élégance de ce mystère, la délicatesse des billets déposés, comme autant de petits bouquets livrés encore tout pleins de rosée à domicile.

Voilà bien pourquoi j’ai très vite été gourmande d’internet, et pourquoi ce blog me fait beaucoup de bien ; j’aime l’idée d’un lieu d’échange, de curiosité, d’éveil, de partage, de rebond, de ricochet, de circulation, de mouvement.

Quand le diagnostic du cancer a été prononcé, ç’est ça justement qui s’est arrêté ; le mouvement ;
Comme si brutalement, j’étais arrivée au bord du monde, au bord, au bout, à la bordure ;
Non, la terre n’était plus ronde, et bleue comme une orange, l’horizon de tous les possibles infini ;
La limite du chemin, c’était le précipice, le gouffre noir et sans fond de toutes les terreurs ; sans chemin de retour ;
Une alternative pourtant s’est proposée : se laisser tomber : radical, ou ne plus bouger, s’immobiliser, se « remettre entre les mains » des autres, les médecins, les proches, se " laisser guérir » .
Oserais- je dire que cette idée n’était pas forcément la plus facile à accepter… comme si abandonner son corps à la violence des traitements proposés ne pouvait se faire qu’en se retirant de soi, tout au fond de soi, s’y recroqueviller, s’interdire tout mouvement, juste à peine une petite flamme vacillante, dans un sarcophage blindé.
C’est dire comme cette sensation du mouvement retrouvé m’est précieuse aujourd’hui ; mouvement du corps …bon là, c’est encore bien engourdi tout ça! …mais aussi mouvement des idées, des envies, des expériences, des échanges …Nous y revoilà !
Oulala, ça c’est de la parenthèse !

Et donc …au plus profond du « resserrement » de la semaine dernière, je reçois ce petit mot de « nomade » : « …les sabots de labour, collés au sol lourd, corps engourdi, ratatiné … : le labour rend la terre belle aussi ; le labour retourne la terre juste ce qu’il faut pour enfouir, mas pas trop profondément, la récolte précédente … »
Et ce qui n’était pour moi qu’un acte inconscient de survie dont je ne savais que faire devenait grâce à ce commentaire une expérience qui pouvait faire sens.

Et me voilà à passer les jours suivants à gratter la terre, la terre grasse du petit carré de plantes aromatiques, la terre sèche et caillouteuse au pied des vieux rosiers,


la terre moussue sous le cerisier, celle pleine de caillou dans l’allée du sous bois, celle piétinée devant la maison, à observer les germinations, moi qui n’ai jamais été « jardinière », examiner les racines, les comparer, incroyable d’imaginer que ces centaines de bulbes de cyclamens ronds et tournicotés tout secs, vont faire vibrer de « rose » tout le fond du jardin, quand le moment sera venu, tiens les rhizomes des iris à peine enfoui dans une terre toute en caillou, comment font ils pour donner des fleurs chaque année dans ma plus parfaite indifférence,

par contre les racines des orties oranges et grasses semblent si profondes, et le lierre, cramponné au muret, d’où vient la force de ces petites ventouses ? Et toutes ces plantes vivaces qui semblent parfaitement avoir trouvé leur place dans ce jardin, en toute « autarcie » puisque je les ai toujours négligées !
A ma grande honte, j’ai toujours manqué d’attention aux plantes, à la différence de la plupart de mes ami(e)s . Trop impatiente, trop négligente …
Et là, je voudrais qu’il m’apprenne ce jardin, tout ce dont j’ai besoin aujourd’hui …en tout cas je crois que maintenant je suis plus prête à l’écouter : la patience, l’imagination, la confiance, le tâton, l’écoute, les leçons à tirer, l’attente, l’alternance, la surprise, la prévention, le respect …d’ailleurs, c’est la 1° année (depuis 19 ans de jardin) que je plante …3 pieds de tomate !!!
(moi fille et sœur de jardinières hors pair !) …j’espère être à la hauteur !!!



Je repense à mes folles envies de cuisine de ces derniers mois ;
A la « dormance » des graines dans le sol, au travail souterrain …et à la « levée » de mes macarons » dans le four : le petit tas mou …qui, sous la température précise, les 3 plaques dont une froide, le « croutage » préalable, brusquement, comme un miracle, se mettent à lever , le plaisir parfait de rester assise devant la cuisinière à guetter ce moment miraculeux : la collerette impeccable, le dôme lisse et brillant …

Je pense au labour, « labor : travail dont dépend la vie »
Je pense à mon corps « labouré » par la maladie , la chimio, les rayons.
Je pense à « l’enfantement » de Camille : 3 mois d’immobilité totale, et accouchement parfait le jour même où le cerisier du Japon explosait ses fleurs roses sous les fenêtres.

Hier, à même le sol, sous ma couverture (Chrysalide a dit encore Nomade ??) j’étais tombée, lourde, anéantie.
Aujourd’hui, je retourne dormir dehors.
Mais cette fois, j’ai sorti un petit lit, qui me met à une petite distance du sol, une belle couverture de laine en patchwork coloré tricotée, un bougeoir.
Aujourd’hui je me sens réconciliée, en équilibre entre la terre et le ciel.


mercredi 13 juin 2007

ETRE NUAGE ...

Au moment de la mort de Jacques Lacarrière, le 17 septembre 2005, je n’avais eu de cesse de retrouver ce texte recopié un jour sur un cahier. Sans succès. Alors en plein cœur de la maladie, abandonnée par toute envie de lire, j’avais pourtant l’intuition que sa lecture m’allègerait…
La rédaction de mon précédent message et l’écriture de l’expression « être nuage » m’a fait miraculeusement retrouver la mémoire, … et le petit cahier bleu où m’attendait ce texte.
Le voici donc, remis en page sur l’ordinateur.

ÊTRE NUAGE
JACQUES LACARRIERE


Être nuage, s’alléger de ce qui est trop lourd en soi, s’affranchir de l’excès d’attraction, accéder aux délices, aux délires d’une pure évanescence.
Divaguer sa vie durant, entre improbable et impossible, devenir ouate errante, flottante incertitude, hésiter entre les processions immaculées et le noir reliquaire des nuages.
En un mot, allier l’innocence et la fragilité des brumes à la ruse et à la férocité des éclairs.
Être nuage.
S’efforcer à l’absolu détachement. Se montrer distant avec la pesanteur, ne tenir à rien, pas même à sa propre apparence, ignorer ses trajets, ses projets.
Demeurer ferme avec l’instable, être fidèle à l’éphémère, rechercher l’incertain, cultiver le fugace.
Alors, tout deviendra possible.
Y compris de se fondre en l’oratoire des vents, de se glisser en silence aux cloîtres du couchant, et encore ! … Demeurer modeste ! Savoir que tout cela n’est qu’enflure et ventosité !

dimanche 10 juin 2007

Dedans Dehors

Cette nuit, j’ai dormi pour la première fois dehors dans mon jardin, juste couchée sur l’herbe, roulée dans une vague couverture, face à la maison.




Et ce qui s’annonçait comme une terrible défaite - ne plus trouver sa place (dedans), préférer s’effondrer (dehors) sur la terre plutôt que continuer encore à se cogner contre des murs invisibles, s’est révélé être une expérience joyeuse et « rebondissante » pleine de découvertes sur cette idée du dedans/dehors, intérieur/extérieur ;

Le vrai cadeau inattendu c'est que cette « mise en éveil » n’a pas du tout été provoquée par les ruminations, cogitations ou autres volonté de discours intérieurs pontifiants.
Mais plutôt grâce aux Sens, forcément alertés dans cette posture incongrue : l’odeur de l’herbe la nuit, la nouvelle respiration du corps au contact du sol, l'écoute curieuse du silence bruyant de toute la vie nocturne d'un jardin, et surtout un regard tout nouveau sur la maison dans l'ombre, vue du dehors, des tas de détails jamais remarqués, le plaisir de pouvoir ainsi, en s’en distançant, l’appréhender globalement, la sentir à la fois familière et nouvelle, attendrissante, fragile embarcation où rêvent et respirent ceux qu’on aime et tous les morceaux de soi qui s'y promènent encore, embarcation qu’on contemple du port , et qui s’éloignerait toute petite dans la nuit … l’envie d’y retourner avec reconnaissance, l’envie de s’y faire offrir un thé chaud … !


Tiens un YOGI TEA ! par exemple


Un « Massala Tchai » indien comme dirait Fleury, qu’aurait pu préparer the « Mistress of Spices" dans sa mystérieuse boutique.





A défaut de la présence "lumineuse" d' Aishwarya Rai » dans la cuisine, (Miss Monde 1994 tout de même)





il ne reste qu’à improviser en fonction de ses goûts - et des ressources de son placard - la préparation de cette boisson subtile, sûrement magique, réconfortante et dynamisante tout à la fois, (mais sans théine ni caféine) autour d’une base de Gingembre, Cannelle, Cardamome, Poivre noir et Clou de Girofle, tous rassemblés pour l’harmonie procurée par leurs propriétés respectives.

Dans une casserole d’un litre d’eau
  • Râper un morceau de Gingembre
  • Ajouter un bâton de Cannelle ( ou fraîche moulue)
  • quelques gousses de Cardamome verte juste pilées
  • quelques grains de poivre noir écrasés gros (allez renifler les pots de poivre chez Goumanyat)
  • et selon les envies : de la Badiane (en étoile ou moulue) 3 clous de Girofle...ou du Fenouil ? du Cumin ?
Faire bouillir le tout et maintenir à couvert un petit bouillon 10 mn (on peut même rajouter vers la fin quelques pétales d’hibiscus)
On filtre tout ça
On ajoute du « sucré » - miels, sucres, si on veut
Et surtout un petit nuage de lait pour la sublimation de la saveur des épices ; ou même tout simplement pour le plaisir de méditer sur « l’idée du nuage » , en savourant son tchai …



Hier un tapis volant, aujourd'hui un nuage ... j'entends déjà "Nomade" me souffler que ça manque un peu de terre et de racines tout ça ...



Si non seulement la belle n’est pas là, mais aussi que l’urgence de l’envie rende intolérable tout lent rituel de préparation: sortir sa boîte de Yogi Tea (vrac ou même sachets tout prêts) et suivre le mode d’emploi …

Cela dit, même en déchirant fièvreusement l’infusette, vous n’échapperez sans doute pas aux dictons avisés qui figurent sur chaque paquet genre :
« to be calm is the highest achievement of the self »


vendredi 8 juin 2007

Resserrement (après Dilatation)

Oui bien-sur, j’aurais du m’en douter.
Comme si je ne le savais pas déjà, depuis le temps !
La Joie, la Dilatation, l’Élan, l’Espace … c’est pas gratuit tout ça ! ça ne vient pas de rien …

Je n’avais juste pas voulu lire la suite du texte tout de suite …

« Comment faire l’épreuve de la dilatation si l’on ne faisait pas l’épreuve du resserrement et de l’étroitesse » rajoute Jean Louis Chrétien des fois qu’on ait naivement compris qu’il suffisait de s’ habiller en princesse Leila pour que Douglas Fairbanks rapplique sur son tapis volant !
J’avais même pas vu « épreuve » ! Ah la joie ça rigole pas ! C’est pas de tout repos ! ça se mérite ! Du vrai romantisme bien saignant !

Où j’avais tout faux aussi, c’est que je croyais même qu’en grandissant, notre météo intérieure finissait par être nettement moins tapageuse, comme assagie avec les ans, et puis que de toute façon, au pire, on avait engrangé un tel tas de parapluie, paratonnerre, paratout, que si par hasard une vieille tempête égarée faisait mine de se réveiller , c’est à peine si on se faisait mouiller, et vogue vogue mon petit bateau …
Oui forcément, ça ne marche pas du tout comme ça ; faut savoir ce qu’on veut ! la soupe tièdasse ou le grog brûlant et le sorbet glacé ( et pas le dentiste !!! …)
Rien de tel qu’un bon petit resserrement, une bonne étroitesse, une bonne tristesse pour redécoller plus haut plus fort
« la dilatation ne serait pas une libération s’il n’y avait rien dont elle nous libérât » écrit Bossuet
Le maintien de l’ équilibre ne suppose- t - il pas l’ajustement permanent de forces contradictoires, de cycles opposés ?

L’éternelle histoire du flux et du reflux, marée haute/marée basse, contraction/dilatation,
élan/resserrement, envolée/dégringolade, les gâteaux et la vaisselle …

Bon et bien là aujourd’hui, c ‘est plutôt « lendemain de fête » ; perdues les bottes de sept lieux; restent les sabots de labour, collés au sol lourd, corps engourdi, ratatiné.
Et puis pas un souffle d’air : à la remise le tapis volant.

Alors quoi ?

Accepter ; juste ne pas bouger ; ne pas même chercher à combattre ;
Ne même pas s’épuiser dans le Grand Jeu de la Rebellion, la Grande Scène du Désespoir, le Numéro Dramatique du Plus Jamais pour Toujours.

Allez ! Arrêter de faire la fière, juste courber le dos, baisser le rideau c’est pas la peine de frapper : rien à voir rien à dire rien à ressentir à vibrer à partager.
Aujourd’hui, c’est fermé: les poings et les yeux; la bouche et le cœur; les oreilles et les narines, bon peut-être, allez les narines juste à peine , à peine ouvert, juste de quoi frémir et palpiter si d’aventure ... un petit vent parfumé ... pointait le bout de son nez …

Toi, le cœur de la rose
Toi, le parfum du lys blanc
Toi, tes mains et ta couronne
Tes yeux bleus et tes joyaux
Tu ne m’a laissé comme un rayon de lune
Qu’un cheveux d’or sur mon épaule
Un cheveux d’or et les débris d’un rêve.
« L’enfant et les sortilèges de Ravel »,
Paroles de Colette.

jeudi 7 juin 2007

Le CAKE GARANCE

Fleury ! Tu voulais étrenner ta nouvelle cuisine ?? Voilà ce qu'il te faut pour un baptème inoubliable ...lâche les carreaux de plâtre, pousse un peu les cartons, et mets ton beau tablier ...
Inspiration ? GO !

Pierre Hermé l’a baptisé le « CAKE GARANCE »
C’est un biscuit à la cannelle, aux figues moelleuses, et aux framboises fraîches C’est un miracle de surprise et d’équilibre de goût, de texture, de couleurs …

Voilà les proportions réduites par rapport au livre pour env. 15 petits cakes (3 gros ??)

En gros (enfin façon de parler car tout ça est extrêmement précis : balance, thermomètre, mer belle à peu agitée…), la base est la même que pour la plupart de ses cakes.

• LES POUDRES
Tamiser 300g de poudre d’amande avec 450g de sucre glace
Tamiser 230g de farine (type 55) avec 30g de cannelle (en bâton fraîche moulue au moulin café, c’est tellement meilleur ! – surtout quand elle vient d’Inde rapportée par Fleury)







• LE TRAVAIL DE L’APPAREIL
Il faut un batteur muni de « la feuille » (pour les frimeurs à grosse cylindrée) sinon les petits bras, ça leur fait beaucoup de bien-
On fait mousser 450g de beurre mou avec le mélange amandes/sucre glace

On change d’ustensile et on passe au « fouet » en rajoutant env. 170g de jaunes d’œufs et 100g d’œufs entiers
On fait mousser 2 minutes

On incorpore délicatement 100g de figues moelleuses (j’ai doublé la quantité et je les ai fait marinées dans un mélange perso d'épices et coupées grossièrement madame qui peut pas s’empêcher de faire la mariole) et 70g de lait

• LES BLANCS

On monte 260 g de blancs d’œufs(en gros ceux des jaunes précédemment séparés) et petit à petit 110g de sucre-semoule au bec d’oiseau – la texture obtenue pas trop ferme quand on passe une spatule sous la surface et qu’on laisse retomber- genre batteur 2°vitesse



• INCORPORATION FINALE

À la main, on incorpore doucement ces blancs à l’appareil en même temps que le mélange farine cannelle ajouté en pluie (dans une grosse passoire ? )

Et on garnit les moules ( Hermé dit « moule à cake en fer blanc de 19cm x 8 cm sur 8 cm de haut) Moi pas rassurée j’ai pris Téfal en silicone, rien à rajouter, démoulage parfait)

En garnissant, on ajoute entre 2 couches d’appareil 35g de framboises fraîches (j’en ai mis un peu plus)

On cuit à four ventilé 150° 30 minutes, on retourne les plaques puis 40 minutes
On sonde avec le couteau … on démoule retourné …

Pour les histoires de cuisson, il faut vraiment faire en fonction de son propre four à apprivoiser;
S’il s’agit de petits cakes, il faut réduire la durée

Il y a aussi l’autre conseil du « grenier à pain » des Abbesses à Paris sur le secret du moelleux du cake qui consiste à « saisir le gâteau 15 minutes à 200/ 220° puis ensuite continuer à 150/160°

Au sortir du four, si on n’en a pas encore assez, alors là c’est le grand jeu, gants, scalpel et bistouri s’il vous plait : il propose de chauffer de la gelée de figue **, de la mettre dans une seringue (j’en ai trouvé à la pharmacie, juste pour le plaisir de voir la tête du pharmacien quand je lui ai dit ce que j’allais faire avec), forer des cavités sous le cake (avec une brochette ?) et de couler dedans la gelée, de refermer les petits trous avec, de laisser refroidir, et d’enfermer chaque cake dans un film plastique en attendant le ...

Garnissage final (nappage, déco avec pâte de fruits, saupoudrage …Moi j’ai mis en plus du nappage des grains de menthe au sucre pour le croquant)
Pour lui, c’est reparti pour un petit fondant coloré en « violacé très clair » au colorant rouge carmin et bleu turquoise oui madame étalé à la louche sur le cake déjà nappé.
Et puis encore quelques petites framboises fraîches sur le sommet

NE PAS GOUTER (juste lécher les plats) avant l'arrivée des copains

**Allez hop une petite gelée de figue, vu l’état de la cuisine à ce stade de réalisation, on n’est plus à ça près ! : 750g de purée de figue, chauffée à 35°, et incorporation de 30g d’Agar Agar en poudre et de 225g de sucre-semoule préalablement mélangés.
Bouillir ; utiliser aussitôt chaud et liquide dans la seringue


Pour faire comme dans tout blog culinaire il faudrait les PHOTOS, dessus dessous, avant pendant…sauf que ceux-là, pas le temps d’y voir tous partis ! …Et puis là, j’ai la vaisselle qui m’attend ...


Pour une mise en jambe appropriée, envoyer ce bon de commande à une congrégation de Pères Noël


mercredi 6 juin 2007

Nappage Exotique

J'ai utilisé cette recette de Nappage Exotique de Pierre Hermé (révérence) pour donner une touche finale aux petits cakes individuels mais il sert à l'origine à recouvrir toute pâtisserie avec des fruits frais en décoration (fraises découpées, tranches de pêches, groseilles ...) qu'il recouvre d'une couche brillante, protectrice, et surtout incroyablement goûteuse ! (après ça, fini beurk les nappages en sachets ...)
La cerise sur le gâteau c'est bien beau, mais le nappage sur la cerise !!! ah! je vous dis pas
Il faut
  • faire chauffer à 45° (vive le thermomètre qui dormait dans le tiroir) 1 litre d'eau, une gousse de vanille ouverte, les zestes prélevés à l'économe de 1 citron et 1 orange (bio, forcément)
  • ajouter 400g de sucre semoule et 40g de pectine (qu'on avait bien fait d'acheter chez G.Detou, même si on savait pas trop quand ça pourrait servir ...)
  • faire bouillir 2/3 minutes (ça va vite; j'ai battu au fouet pour être sûre de la dissolution de la pectine)
  • retirer du feu et rajouter 40g de jus de citron et 8/10 feuilles de menthe grossièrement hachées (à la main - moi j'ai pas pu m'empêcher d'en mettre 3 fois plus -)
  • laisser infuser 30 minutes (heu 3 heures pour moi j'ai un peu oublié dans un coin mais les arômes étaient exceptionnels)
  • passer tout au chinois (faut que je me renseigne sur l'éthymologie de ce mot)
  • stocker au frais
  • napper, napper, au pinceau, tel l'artiste confiant, en fredonnant "Peel Me A Grape" avec Anita O'Day

Dilatation

La fraîcheur de l'air ce matin derrière les volets claqués ? Ou le vert exubérant du jardin ? Le frémissement prometteur d'une nouvelle journée ?
En tout cas, ce texte, comme le voleur de Bagdad , m'a soufflé au saut du lit et m'a transporté toute la journée.



La question de l'espace dans la joie et le destin du mot " dilatation"
Jean Louis Chrétien
"La Joie Spacieuse"

Dès que la joie se lève, tout s'élargit. Notre respiration se fait plus ample, notre corps, l'instant d'avant replié sur lui-même, n'occupant que sa place ou son coin, tout à coup se redresse et vibre de mobilité, nous voudrions sauter, bondir, courir, danser, car nous sommes plus vifs dans un plus vaste espace, et le défilé resserré de notre gorge devient le gué du cri, du chant ou du rire déployé. Rire ou pleurer, rire en pleurant, pleurer en riant, qu'importe ! , c'est la réponse au même excès de ce qui vient. Notre visage s'ouvre et notre regard s'éclaire. Qu'est-ce qui vient ? L'à venir.
Mais il n'est pas seulement projeté, calculé, anticipé, imaginé,il surgit ici et maintenant, et c'est parce que cet ici et ce maintenant ne sauraient être ponctuels que tout s'élargit.
Il y va de l'inverse de ce que décrit Schiller dans l'ultime vers de son poème Le Pélerin : Und das Dort ist niemals hier ! ("Et le là jamais n'est ici ! ") : dans la joie, là vient ici, là est ici, et pourtant n'y vient pas jusqu'à s'y épuiser, jusqu'à y être tout entier, et c'est pourquoi il faut croître et paertir. Non pas partir pour fuir l'ici, masi pour tenir la promesse que le là, ici, a fait s'ouvrir. la joie ne forme pas un état, mais un acte et un mouvement, une inchoation* vive. Cet acte est l'acte commun de l'homme et du monde, il ne peut être rabattu et mis en boîte dans la psychologie ni dans une pensée du "sujet". La joie en effet donne de l'espace, du champ et du jeu, être joyeux, c'est être au large dans le grand large du monde soudain révélé comme tel, et l'épreuve de la joie est toujours une épreuve de l'espace en crue? Espace du soi, espace du monde ? Espace intérieur, espace extérieur ? Le propre de la joie est de rendre cette distinction caduque, et d'être indivisément une épreuve de soi et une épreuve du monde.
Nul ne l'a dit mieux que Baudelaire, dans ces vers du "Balcon" :


Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !
Que l'espace est profond ! que le coeur est puissant !


* L'inchoation (du latin chrétien inchoatio) sert à nommer un commencement nouveau dans le temps, qui ne finira pas avec le temps, le "déjà là et pas encore" vécu dans la vie de la grâce, qui inaugure la vie éternelle.


Aïkouhouquèque ?





























Moi, je resterais des heures à murmurer les haïkus de Bashô dans le silence de ma maison, à m’emplir de la vie du Moine Ryokan, j’aime tourner les pages du livre « l’art de la simplicité, du détachement, de la dépossession », je tremble en écoutant les mélodies de timbre de Webern, je sors régulièrement mon tapis de méditation sous le vieux cerisier du jardin, j’ai le cœur serré aux mots de Charles Juliet, je ne mets pas de miel dans mon thé vert en feuilletant l’Éloge de l’ombre de Tanizaki, …et là je suis heureuse parce que le jour s’approche où je vais pouvoir réaliser le rêve de toute une vie : demain, je joue à la marchande !!!

Ça y est ! les 82 cakes sont terminés – un dernier coup de pinceau au « nappage exotique » qui a mariné toute la nuit (encore un miracle gustatif de Pierre Hermé) — j’ai juste rajouté des feuilles de menthe poivrée cueillies à la lampe électrique — l’idée m’a prise au milieu de la nuit — j’espère que je n’ai pas confondu avec la saponaire — une pistache caramélisée par ci, une lamelle de pâte de myrtille par là ; les 12O macarons rangés dans leurs boîtes : les verts à la menthe poivrée, les blancs au basilic et chocolat noir, les jaunes à l’orange et au safran, les oranges à l’abricot, ou le contraire allez hop, j’en goûte encore un pour vérifier, les jaunes pâles au sésame, les cacaos au gingembre, les 56 craquelés ni vu ni connu à la poubelle, les 140 mendiants au chocolat zébrés de taches blanches pas classe du tout enfouis cachés dans une boîte resteront à la maison tout va bien pas de panique, (quand je pense que j’ai donné le mois dernier un cours sur le tempérage du chocolat ! j’ai même écrit une chanson là-dessus … "Pour confectionner des men-diants ; il faut un beau jour de prin-temps".. (bon c’est vrai là c’était 2 heures du mat-j’en- peux-plus ) les Florentins empaquetés dans leurs jolis sachets transparents, les bouchées au citron-chocolat retouchées, les pliages en origami vert et violet pour les emballages…pliés, le papier d’alu, les ciseaux, les marqueurs, les étiquettes, zut s’il pleut la bâche plastique, hein !? et le soleil !?? Vite à Jardiland, le parasol ! ; et la glacière ? au secours un vendredi soir à Carrefour, trop petite, ça ne va jamais tout rentrer, la caisse, les pièces pour la monnaie —, Personne a des pièces à me passer ?? Filer encore à La Poste devant la machine à sous, pourquoi il ne passe pas ce billet de 5 € ? la nappe, le scotch, la ficelle, le couteau, les plateaux de présentation, la chaise, un bouquin, ( ?) l’étagère de la cuisine, les 5 énormes sacs plastique remplis dans le coffre de la voiture, l’essence dans le réservoir de la voiture, la voiture ??? parce qu’il faut y aller pour de VRAI ? comme ça ? oui allo Catherine ah mais non t’en fait pas, ce sera pour une autre fois, Oui ? Fleury ? Ah tu fais du plâtre tout le week-end ? oui bien sûr ce sera très amusant, très ZAMUZANT, n’importe quoi qu’est ce qui m’a pris, d’abord j’aime pas la foule, je déteste les marchés, j’overdose les cakes, j’ai mal au ventre, maman, je veux pas aller à l’école, j’ai plus du tout envie d’y aller, mais alors plus du tout...

Hé ! 7h déjà ? c’est parti !!! Youhou !