samedi 5 juillet 2008

C'est vrai que ça faisait des années ...

C'est vrai que ça faisait des années ...
Des années qu'elle avait laissé la situation s'installer, doucement empirer, dangereusement glisser jusqu'au bord de l'inévitable: l'affrontement face à face.
Et allez, qu'elle l'avoue maintenant, elle avait toujours su confusément qu'elle ne pourrait échapper à ce moment là.
Oui, dès le début, en pleine euphorie de la découverte, elle sentait déjà confusément que le mantra "Comme c'est romantique" serait scandé au fil des années avec de moins en moins de conviction, que le sourire l'accompagnant virerait vite au rictus incrédule, le regard énamouré se teinterait d'inquiétude, et que les insouciantes paroles de jeunesse allaient immanquablement terminer en lamentable contrition "Comment ai je pu laisser les choses en arriver là ??"
Et ce ne sont pas les "faux-conseils" d'amis : "c'est normal avec le temps; mais laisse faire; c'est naturel ... "(sans mentionner ceux de sa mère qui bien sûr l'avait prédit: "Si tu laisses la situation s'installer, un jour tu vas te faire envahir!") qui allaient changer quelque chose.
La décision c'est Elle qui l'avait prise.
Un débordement de trop ? Un tressautement d'exaspération ? Un soubresaut de culpabilité ? Un sursaut d'angoisse ? Un ras le bol salutaire ? Et pourquoi pas plutôt un pur élan aveugle d'euphorie conquérante ?
Peu importe; soudain elle n'y tint plus.

Elle allait le faire. Elle ne pouvait plus fuir le problème. Elle allait s'y coller. Voilà; aussi simple que ça.
A peine avait elle pris sa décision que tous les orages de doutes accumulés crevèrent d'un coup et la laissèrent étourdie de tant de fraîche légèreté, telle Blanchette, la Chèvre de Monsieur Seguin, libérée de la corde, bondissant par la fenètre de l'étable, tête en avant, à l'assaut de la verte montagne et de ses promesses.
Et cette sensation de libération donnait tant de résonance à sa décision qu'elle la rendait maintenant totalement évidente et incontestable; elle avait fait le bon choix.
Comment avait elle pu , voyant pourtant la situation empirer de jour en jour, avoir mis tant de temps à la prendre cette décision ?
C'était ridicule ... de la paresse évidemment... du déni sans doute ... la peur de l'affrontement, forcément... Chaque fois qu'elle aurait pu, aurait du (et pourtant les signes n'avaient pas manqué !) et bien elle avait hésité, tergiversé, composé, négocié, espérant peut-être encore une solution moins radicale, pour chaque fois reculer, repousser, à plus tard, au moment mieux choisi etc etc ...
Ridicule !
Ah le bonheur de la décision prise, enfin.
Plus d'état d'âme
Elle se sentait si bien là, si légère et si forte, si sûre de son choix.
Et elle concentrait toutes ses forces à intérioriser cette merveilleuse sensation, d'autant qu'elle était totalement consciente qu'aucune douleur ne serait épargnée.
Face à face; corps à corps; ce serait une lutte sans merci.
Elle se connaissait trop bien pour savoir que la griserie liée à l'irrévocabilité de la décision prise n'empêcherait pas tous les doutes de revenir à l'assaut au plus fort de la charge. Elle savait bien qu'elle n'était pas du tout préparée.
Forcément;
Ce n'était pas du tout sa façon habituelle de fonctionner;
Elle, elle "composait", "harmonisait".
Mais quoi ? Composer avec l'ennemi? Et battre une nouvelle fois en retraite ?
Où avaient menées toutes ces rêveries d'équilibre ?? Ils étaient si différents; l'un solide, inébranlable, l'autre libre et fantasque.
Apparence !... Equilibre ? Prise de pouvoir insidieuse ! Ingérence ! Etouffement ! Colonisation du territoire de l'un par l'autre plutôt ! Voilà ce qu'il restait aujourd'hui du bel équilibre rêvé ! Et la rage de la trahison attisait encore l'urgence de la solution radicale.

Aujourd'hui il fallait oser se battre même si fatalement la victoire de l'un signifierait l'anéantissement de l'autre. On n'en était plus à la négociation ou aux compromis.

Ce n'était pas le moment de faiblir; Trop tard; Inévitable, la Seule Issue, Courage !
Ah le frisson de l'envie urgente de fouiller, gratter, démêler, dénouer, et puis forcément couper, trancher, arracher, extirper, anéantir ... Anéantir !? Le syndrome Attila pouvait vite faire basculer dans le côté obscur de la force, c'est sûr.

Peut être fallait il trouver d'autres armes, un autre angle d'attaque moins frontal.
Bien sur qu'elle était aussi responsable de l'échec de la cohabitation. Elle avait pas su s'y prendre; elle n'avait pas su "anticiper le problème" comme on dit; et c'était lamentable que ça se termine comme ça; Bien sûr que tout ça était très excessif ! ... et qu'il faudrait même en cas de victoire en assumer les conséquences; peut-on sans danger détruire un si bel équilibre (de façade) après tant d'années de vie commune ? L'un et l'autre si intimement imbriqués dans leurs histoires et habitudes de vie: protéger, soutenir, oui mais aussi s'aggripper, étouffer ... La destruction de l'un n'entrainera t-elle pas l'écroulement de l'autre ?



STOP !

AGIR !


AUJOURD'HUI

J'ARRACHE
LE LIERRE
DES MURS
DE LA MAISON.

SÉCATEUR EN AVANT !

À L'ARRACHAGE !

PAS DE QUARTIER !!!!!!
.












9 commentaires:

Chloro' fée a dit…

Bonjour ! Un petit mot d'une ancienne élève... Je ne trouve moyen de t'ecrire qu'en postant un commentaire. Mais j'aimerai bien pouvoir t'envoyer personnellement un bon petit mail qui rivaliserait avec tes articles-fleuve ^^ Comment puis-je te joindre? Cela fait tellement longtemps... Malgré tout je ne t'ai pas oublié ! Bisous. Eugény (ola j'ai commencé la chorale avec toi à 6 ans, il y a maintenant 16 ans, mais j'y suis resté 10 ans, donc tu devrais te souvenir ;) )

brigitte jacquot a dit…

EUGÉNY???????? s'est tranformée en chloro'fée ??! Tout ce temps depuis "Madam' la Mariée" !!!
Oh oui oh oui un bon petit mail
bijee@free.fr

Anonyme a dit…

c'est génial les blogs ça permet de se retrouver sereinement !

Anonyme a dit…

Le Divorce du lierre et de la maison (le lierre c'est masculin, la maison, féminin; est-ce la même chose ds toutes les langues?????)

bisous de décisionnaire...

brigitte jacquot a dit…

Sereinement ...sereinement ...

brigitte jacquot a dit…

Chère "décisionnaire" ce billet t'est entièrement dédicacé ...

Anonyme a dit…

la musique de ce billet me disait bien quelquechose.....
fan de "dança da solidão"....

au fait, quand est-ce qu'on va faire notre virée de filles à la capitale?????

brigitte jacquot a dit…

Oui mais attention: Danse de la solitude

La solitude est une lave qui recouvre tout
Amertume dans ma bouche
Rit avec ses dents de plomb
La solitude est un mot creusé au coeur
Résignée et muette
Dans le rythme de la désillusion

Désillusion, désillusion
Je danse, tu danses
La danse de la solitude


Par contre je lis un bouquin de Jacqueline Kelen "L'Esprit de Solitude" plein de belles idées pas politiquement correctes ...

Anonyme a dit…

et bien quand tu auras fini de le lire.....
échange contre un recueil de pièces de Eugene O'Neil dont je t'avais parlé il y a qq temps....

J'aime bien cette idée de danse de la solitude