Soufflée !
J'ai été soufflée!
J'étais pourtant rentrée par la petite porte, celle de derrière, l'air de rien, jeter un oeil le temps de rédiger une petite notice bibliographique en préparation du Concert de Samedi
Happée, soulevée, embarquée, propulsée dans son tourbillon d'énergie créatrice.
C'est vrai qu'il y avait plein d'échos vaguement enfouis qui ne demandaient qu'à vibrer à nouveau ... "Ah oui! c'était Lui !"
"J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité "
(...)
(...)
"Dans la nuit il y a les merveilles du monde dans la nuit il n'y a pas d'anges gardiens mais il y a le sommeil dans la nuit il y a toi dans le jour aussi "
(...)
(...)
" Je chante ce soir non ce que nous devons combattre mais ce que nous devons défendre Les plaisirs de la vie. Le vin qu'on boit avec les camarades. L'amour. Le feu en hiver. La rivière fraîche en été. La viande et le pain de chaque repas. Le refrain que l'on chante en marchant sur la route. Le lit où l'on dort. Le sommeil, sans réveils en sursaut, sans angoisse du lendemain. Le loisir. La liberté de changer de ciel. Le sentiment de la dignité et beaucoup d'autres choses Dont on refuse la possession aux hommes.
"Notre paire quiète, ô yeux ! que votre "non" soit sang (t'y fier ?) que votre araignée rie, que votre vol honteux soit fête (au fait) sur la terre (commotion). (...)
"Je suis le veilleur de la rue de Flandre, Je veille tandis que dort Paris. Vers le nord un incendie lointain rougeoie dans la nuit. J'entends passer des avions au-dessus de la ville." (...)
Rrose aisselle a vit.
Rrose, essaie là, vit.
Rôts et sels à vie.
Rose S, L, have I.
Rosée, c'est la vie.
Rrose scella vît.
Rrose sella vît.
Rrose sait la vie.
Rrose, est-ce, hélas, vie ?
Rrose aise héla vît.
Rrose est-ce aile, est-ce elle ?
Est celle
AVIS
Rrose, essaie là, vit.
Rôts et sels à vie.
Rose S, L, have I.
Rosée, c'est la vie.
Rrose scella vît.
Rrose sella vît.
Rrose sait la vie.
Rrose, est-ce, hélas, vie ?
Rrose aise héla vît.
Rrose est-ce aile, est-ce elle ?
Est celle
AVIS
...
...Ça n'existe pas ! Et pourquoi pas!
Et puis tomber d'emblée sur cette citation extraite de son "Journal"ne pouvait que me mettre en éveil:
“ Ce que j’écris ici ou ailleurs n’intéressera sans doute dans l’avenir que quelques curieux espacés au long des années. Tous les vingt-cinq ou trente ans, on exhumera dans des publications confidentielles mon nom et quelques extraits, toujours les mêmes. Les poèmes pour enfants auront survécu un peu plus longtemps que le reste. J’appartiendrai au chapitre de la curiosité limitée".
Nous sommes en Février 1944.
Il ne reste à Robert Desnos que quelques jours de liberté, avant l'arrestation, la déportation, et la mort, le 5 juin 1945, à 45 ans.
Alors oui je n'ai eu de cesse ce dimanche de dévorer tout ce qui m'est passé sous les yeux !
Et là j'en suis encore toute tourneboulée!
Soufflée par l'extraordinaire diversité de son écriture, par sa curiosité illimitée justement, au delà de toute étiquette, de toute querelle littéraire ... dans l'écriture ET dans la vie...à fond. L'exploration passionnée qu'il fait de son siècle, comment il s'approprie tout ce qu'il y trouve.
Dans un rêve proclamé de métissage ! en faisant disparaitre les barrières entre milieux cultivé/non cultivé.
Fascination pour son incroyable liberté assumée.
«Au-delà de la poésie libre, il y a le poète libre.»
Porter son rêve jusqu'au bout
"Unir le langage populaire, le plus populaire, à une atmosphère inexprimable, à une imagerie aiguë ; annexer des domaines qui, même de nos jours, paraissent incompatibles avec le satané « langage noble » qui renaît sans cesse des langues arrachées du cerbère galeux qui défend l'entrée du domaine poétique, voilà qui me paraît besogne souhaitable sans oublier, je le répète, certains motifs impérieux d'inspiration actuelle..."
Abandonner l'école à 16 ans ET adorer Hugo.
Réciter Baudelaire ET dévorer Fantômas en bande dessinée.
Porter son rêve jusqu'au bout
"Unir le langage populaire, le plus populaire, à une atmosphère inexprimable, à une imagerie aiguë ; annexer des domaines qui, même de nos jours, paraissent incompatibles avec le satané « langage noble » qui renaît sans cesse des langues arrachées du cerbère galeux qui défend l'entrée du domaine poétique, voilà qui me paraît besogne souhaitable sans oublier, je le répète, certains motifs impérieux d'inspiration actuelle..."
Etre fils d'un "mandataire aux Halles pour la volaille et le gibier"ET prophète du Surréalisme
Abandonner l'école à 16 ans ET adorer Hugo.
Réciter Baudelaire ET dévorer Fantômas en bande dessinée.
Etre érudit ET autodidacte
Adorer l'argot et le "populaire"de la Rive Droite ET fréquenter la Coupole et le Sélect Rive Gauche
Adorer l'argot et le "populaire"de la Rive Droite ET fréquenter la Coupole et le Sélect Rive Gauche
Être pacifiste ET engagé
(on dit que la gifle publique qu'il infligea à un journaliste antisémite n'est pas étrangère à son arrestation, sans parler du pamphlet contre Céline)Ne pas être juif ET être arrêté comme tel
Refuser le communisme d'Aragon ET être arrêté comme tel
Refuser le communisme d'Aragon ET être arrêté comme tel
Poète ET Résistant (dans le réseau Agir)
Provocant ET discret
(comme droguiste, gérant d'immeuble, caissier à France Soir, traducteur de ...notices pharmaceutiques, sécrétaire particulier, journaliste - ce qui lui vaudra le dédain de André Breton...)Provocant ET discret
Ecrire des slogans publicitaires pour Radio Luxembourg "L'express s'en va - les lentes restent/ Utilisez la Marie Rose, la mort parfumée des poux" ET pour Yvonne, l'amoureuse indifférente des poèmes d'amour désespérés: "y mourir ô belle flammèche y mourir"
Écrire sur Pétain: " C’est tarte, je t’écoute, à quatre-vingt six berges De se savoir vomi comme fiotte et faux derge Mais tant pis pour son fade, il aurait dû clamser."
ET
"Se glisser dans ton ombre à la faveur de la nuit.
Suivre tes pas, ton ombre à la fenêtre.
Cette ombre à la fenêtre c'est toi, ce n'est pas une autre, c'est toi.
N'ouvre pas cette fenêtre derrière les rideaux de laquelle tu bouges.
Ferme les yeux.
Je voudrais les fermer avec mes lèvres.
ET
"Se glisser dans ton ombre à la faveur de la nuit.
Suivre tes pas, ton ombre à la fenêtre.
Cette ombre à la fenêtre c'est toi, ce n'est pas une autre, c'est toi.
N'ouvre pas cette fenêtre derrière les rideaux de laquelle tu bouges.
Ferme les yeux.
Je voudrais les fermer avec mes lèvres.
(...)
Écrire sous hypnose ET publier le "Veilleur du Pont au Change"
Pratiquer l'écriture automatique ET proclamer son goût pour le sonnet et l'alexandrin. "Il faut que le poème tienne"
Ecrire en "langage cuit"
"La chasseresse sans chance de son sein choie son sang sur ses chasselas chasuble sur ce chaud si chaud sol chat sauvage chat chat sauvage qui vaut sage chat sage ou sage sauvage laissez sécher les chasses léchées chasse ces chars sans chevaux et cette échine sans châle si sûre chasseresse son sort qu'un chancre sigille chose sans chagrin chanson sans chair chanson chiche."
ou
ou
ET
son Épitaphe en alexandrin
son Épitaphe en alexandrin
"J'ai vécu dans ces temps et pourtant j'étais libre. Je regardais le fleuve et la terre et le ciel. Tourner autour de moi, garder leur équilibre Et les saisons fournir leurs oiseaux et leur miel. Vous qui vivez qu'avez-vous fait de ces fortunes? Regrettez-vous les temps ou je me débattais? Avez-vous cultivé pour des moissons communes? Avez-vous enrichi la ville ou j'habitais?
Vivants, ne craignez rien de moi, car je suis mort.
Rien ne survit de mon esprit ni de mon corps "
Vivants, ne craignez rien de moi, car je suis mort.
Rien ne survit de mon esprit ni de mon corps "
Vouloir réconcilier Nerval ET Rimbaud
"Nuits, Jours et nuits sombres ! Feu, Sang et décombres ! Sang clair des libres Espagnols ! Oui pour l'Espagne et la liberté Un sang pur coule sur notre sol Pour l'humanité No ! No pasaran !
Ecrire des chansons, des cantates (avec Mireille, Paul Arma, Kurt Weill, Milhaud ...)
Dans un petit bateau
Une petite dame
Un petit matelot
Tient les petites rames
Ils s'en vont voyager
Sur un ruisseau tranquille
Sous un ciel passager
Et dormir dans une île
C'est aujourd'hui Dimanche
Il fait bon s'amuser
Se tenir par la hanche
Echanger des baisers
C'est ça la belle vie
Dimanche au bord de l'eau
Heureux ceux qui envient
Le petit matelot
Une petite dame
Un petit matelot
Tient les petites rames
Ils s'en vont voyager
Sur un ruisseau tranquille
Sous un ciel passager
Et dormir dans une île
C'est aujourd'hui Dimanche
Il fait bon s'amuser
Se tenir par la hanche
Echanger des baisers
C'est ça la belle vie
Dimanche au bord de l'eau
Heureux ceux qui envient
Le petit matelot
des critiques de disque entousiastes, , clamer son amour pour les chanteuses de cabaret comme FRÉHEL ou DAMIA.
ET écrire
"Ce coeur qui haïssait la guerre
voilà qu'il bat pour le combat et la bataille !
Ce coeur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des saisons,
à celui des heures du jour et de la nuit,
Voilà qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines
un sang brûlant de salpêtre et de haine."
voilà qu'il bat pour le combat et la bataille !
Ce coeur qui ne battait qu'au rythme des marées, à celui des saisons,
à celui des heures du jour et de la nuit,
Voilà qu'il se gonfle et qu'il envoie dans les veines
un sang brûlant de salpêtre et de haine."
(...)
Ecrire à Youki sa sirène, le 7 janvier 1945 depuis son camp d'internement
Mon Amour, Notre souffrance serait intolérable si nous ne pouvions la considérer comme une maladie passagère et sentimentale. Nos retrouvailles embelliront notre vie pour au moins trente ans. De mon côté, je prends une bonne gorgée de jeunesse, je reviendrai rempli d'amour et de forces ! Pendant le travail un anniversaire, mon anniversaire fut l'occasion d'une longue pensée pour toi. Cette lettre parviendra-t-elle à temps pour ton anniversaire? J'aurais voulu t'offrir 100 000 cigarettes blondes, douze robes des grands couturiers, l'appartement de la rue de Seine, une automobile, la petite maison de la forêt de Compiègne, celle de Belle-Isle et un petit bouquet à quatre sous. En mon absence achète toujours les fleurs, je te les rembourserai. Le reste, je te le promets pour plus tard.
ET
Mourir d'épuisement quelques mois plus tard, le 8 juin 1945 à cinq heures du matin, à Térézin (après Fresnes/ Compiègne/Auschwitz/Buchenwald/Flossenburg/Flöha
quelques jours après sa libération, reconnu mourant par des infirmiers tchèques.
"- Seriez vous parent avec le poète français Robert Desnos?
- oui oui, Robert Desnos, poète français, c'est moi !"
Si vous avez le courage, allez lire ici. C'est édifiant...
Mourir d'épuisement quelques mois plus tard, le 8 juin 1945 à cinq heures du matin, à Térézin (après Fresnes/ Compiègne/Auschwitz/Buchenwald/Flossenburg/Flöha
quelques jours après sa libération, reconnu mourant par des infirmiers tchèques.
"- Seriez vous parent avec le poète français Robert Desnos?
- oui oui, Robert Desnos, poète français, c'est moi !"
Si vous avez le courage, allez lire ici. C'est édifiant...
SAMEDI 31 Mai à l'Hotel Anne de Piseleu d'ÉTAMPES nous présentons avec Patricia Legendre les créations conjuguées de nos deux ateliers, - réunis autour de ses poèmes CHANTEFLEURS, - des créations plastiques de ses jeunes élèves et des pièces musicales polyphoniques que j'ai composées pour la circonstance pour l'Ensemble Vocal féminin.
Elles furent écrites par Desnos en 1944, vraisemblablement pour les enfants du couple Milhaud, mais comme il aimait à l'écrire "sous le langage se dissimulent maints secrets ..."
A la lumière de ce voyage dans son époque au son des bombardements, parachutages, otages, étoiles jaunes et dénonciations, ces poèmes prennent une autre densité.
"COQUELICOT"
Le champ de blé met sa cocarde
Coquelicot
Voici l'été, le temps me tarde
De voir l'arc en ciel refleurir.
L'orage fuit, il va mourir,
Nous irons le cueillir bientôt
Coquelicot.
Le champ de blé met sa cocarde
Coquelicot
Voici l'été, le temps me tarde
De voir l'arc en ciel refleurir.
L'orage fuit, il va mourir,
Nous irons le cueillir bientôt
Coquelicot.
« Jamais des yeux humains ne furent aussi étrangement ouverts que ceux de Robert Desnos » TristanTzara
Et Kiki de Montparnasse, l'égérie de ces années là
« Il y a tout de même un copain que je ne peux passer sous silence, d’abord parce que c’est une figure de Montparnasse et ensuite et ensuite parce que c’est un grand ami.
On ne discute pas Robert Desnos ! On l’aime ou on ne l’aime pas. Il est trop entier, trop personnel pour qu’on puisse éprouver un sentiment vague envers lui.
Desnos est le type que vous voyez toujours courir ! On croirait qu’il se dépêche de vivre !
À la vérité, s’il court tellement, s’il est pressé quand vous le rencontrez, c’est qu’il va rendre service à quelqu’un. Et il se donne un mal inouï pour procurer des places, trouver de l’argent pour un ami.
Quant à lui, il s’en fout royalement ! De l’argent, il en a rarement, et celui qu’il a est pour ses copains.
En lui, rien n’est banal.
Te souviens-tu, vieux Robert, de cette chambre où tu logeais, si minuscule que tu devais te déshabiller sur le palier avant de te coucher.
Ça a duré comme ça assez longtemps ! Il a casé bon nombre d’amis mais il s’oubliait !
Heureusement qu’un beau jour il s’est aperçu que l’amour lui emboîtait le pas ; il se présente sous l’aspect d’une splendide fille intelligente, qui pensait comme lui, avait à peu près les mêmes goûts et avait le plus poétique des noms : « Youki », ce qui veut dire : « Fleur de neige ».
Vous pensez, ce grand poète, quel coup ça a dû lui faire quand il a murmuré ce nom de rêve. »
Kiki de Montparnasse, Souvenirs retrouvés, José Corti, 2005, p. 215.
Hommage d'Aragon à Desnos
ROBERT LE DIABLE
Tu portais dans ta voix comme un chant de Nerval
Quand tu parlais du sang jeune homme singulier
Scandant la cruauté de tes vers réguliers
Le rire des bouchers t'escortait dans les Halles
Tu avais en ces jours ces accents de gageure
Que j'entends retentir à travers les années
Poète de vingt ans d'avance assassiné
Et que vengeaient déjà le blasphème et l'injure
Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne
Tu portais dans ta voix comme un chant de Nerval
Quand tu parlais du sang jeune homme singulier
Scandant la cruauté de tes vers réguliers
Le rire des bouchers t'escortait dans les Halles
Tu avais en ces jours ces accents de gageure
Que j'entends retentir à travers les années
Poète de vingt ans d'avance assassiné
Et que vengeaient déjà le blasphème et l'injure
Je pense à toi Desnos qui partis de Compiègne
Comme un soir en dormant tu nous en fis récit
Accomplir jusqu'au bout ta propre prophétie
Là-bas où le destin de notre siècle saigne
Un petit dernier pour Michel si par hasard il passait par là ...
l'Asile ami
Là ! L'Asie. Sol miré, phare d'haut, phalle ami docile à la femme, il l'adore, et dos ci dos là mille a mis ! Phare effaré la femme y résolut d'odorer la cire et la fade eau. L'art est facile à dorer : fard raide aux mimis, domicile à lazzi. Dodo l'amie outrée !
Là ! L'Asie. Sol miré, phare d'haut, phalle ami docile à la femme, il l'adore, et dos ci dos là mille a mis ! Phare effaré la femme y résolut d'odorer la cire et la fade eau. L'art est facile à dorer : fard raide aux mimis, domicile à lazzi. Dodo l'amie outrée !
DEVOIR POUR LA PROCHAINE FOIS : EN FAIRE LA PARTITION (et la chanter bien sûr !)
Et un petit trésor du net : la voix de Desnos racontant un de ses rêves ...
1 commentaire:
sûr que s'il t'avait rencontrée, il aurait embarqué sur l'arche des jacquottistes ...
je continue ce soir avec le texte de son voisin de camp.
j'adore la ... partiton !!!
Vékiséfaiunerécréoboulo
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